Quand Firmin le colporteur vous entraîne à sa suite
La Nouvelle République
Tragi-comédie pleine de truculence, la saga de Firmin est relancée sur trois week-ends à Villentrois. Le public en redemande ! La suite dès ce soir.
On est devant un décor de fûts, fagots, clapiers occupés, cages à poules… Une belle grange surmontée d’un campanile, à l’arrière-plan, attend son heure. Un dindon cabotine, des oies passent, une chèvre virevolte dans son enclos. Ambiance calme au déclin du jour. Nous sommes à la ferme-théâtre de Bellevue, à Villentrois. Un air d’accordéon s’échappe d’une porte ouverte surmontée de la pancarte « Auberge », tandis que le public assis sur des bancs – cent vingt personnes, la cour ne pouvant en contenir davantage – se laisse gagner par le charme et la nostalgie du lieu.
Pendant une heure et demie, nous allons vivre des scènes cocasses, poignantes, drôles, inattendues, émouvantes. Le fil conducteur s’appelle Firmin, l’homme à la charrette à grelots. Sa fille gravement malade risque de mourir. Une vieille guérisseuse dont il cherche la trace est son dernier espoir. Mais plusieurs la traitent de sorcière et il hésite… Il y aura des rebondissements, des intermèdes, de belles images, des mouvements car le spectacle s’articule en plusieurs étapes autour de la ferme. On rit en entendant la femme de l’aubergiste crier sur son bon à rien de mari – poète inspiré ou mauvais travailleur, ça dépend des points de vue ; on admire la châtelaine excellente cavalière et causeuse enjouée ; on scrute le sauvageon venu de la pénombre qui tente d’aider le malheureux colporteur.
On verra de belles attitudes surgies des profondeurs, n’en disons pas plus, dont la ferveur nous remue et nous trouble. On aimera progresser dans le mystère à mesure que la nuit étendra son voile, rehaussé ce vendredi-là du disque d’argent de la pleine lune. Mais à l’étape finale, tandis que l’assistance attablée dégustera ses gâteaux sortis du four ou dansera en plein air sur le parquet, ce sont la bonne humeur des visiteurs et l’entrain des musiciens qui donneront le ton. Du tragique au rire, il n’y a parfois qu’un pas ! Vive le théâtre, en particulier celui-là.
Hervé Larroque